Le parc national de Gorongosa

Situé au centre du Mozambique, à l’extrémité sud de la Grande Vallée du Rift en Afrique de l’Est, le parc national de Gorongosa est un exemple fascinant de restauration réussie tant pour la faune que pour les communautés locales. Couvrant plus de 4 000 kilomètres carrés, ce parc emblématique abrite une diversité impressionnante de paysages, des plaines inondables aux plateaux boisés, en passant par des savanes, des forêts sèches et des forêts de miombo. Autrefois un sanctuaire pour certaines des plus densément peuplées populations de faune sauvage en Afrique, Gorongosa a connu des périodes de dévastation avant de renaître grâce à des efforts de conservation déterminés.

Historique du parc national de Gorongosa

Réserve de chasse : 1920-1959

La première action officielle visant à protéger la région de Gorongosa date de 1920, lorsque la compagnie du Mozambique a réservé 1 000 kilomètres carrés de terre comme réserve de chasse pour ses administrateurs. Alors sous contrôle portugais, la région a rapidement gagné en popularité grâce à ses riches populations de nyalas et de rhinocéros noirs. En réponse à l’augmentation de l’intérêt, la réserve a été étendue à 3 200 kilomètres carrés en 1935. Cependant, en raison des inondations saisonnières, le quartier général près de la rivière Mussicadzi a dû être abandonné et est devenu le repaire des lions, connus sous le nom de « Casa dos Leões ».

Parc national : 1960-1980

En 1960, Gorongosa a été désigné parc national par les autorités portugaises. Les années 1960 et 1970 ont été marquées par des projets d’amélioration significatifs, notamment la construction de nouvelles routes, de campements touristiques, et d’installations comme des piscines et des restaurants. Les premières études scientifiques compréhensives ont également eu lieu durant cette période, révélant la richesse incroyable du parc en faune sauvage. Par exemple, une enquête aérienne en 1970 a recensé environ 200 lions, 2 200 éléphants et pas loin de 15 000 buffles africains.

Impact de la guerre civile (1977-1992)

En 1977, la guerre civile mozambicaine a éclaté, plongeant le parc dans le chaos. Gorongosa est devenu un champ de bataille avec des affrontements violents et des bombardements aériens. Les populations de grands mammifères ont été décimées par la chasse intensive pour l’ivoire et la viande destinés à financer le conflit. En 1983, le parc a été fermé et abandonné. Lors d’une enquête aérienne en 1994, seulement quelques individus d’espèces autrefois abondantes comme les éléphants, les hippopotames et les buffles ont été recensés.

Renaissance et restauration (1995-présent)

Les premiers efforts de restauration

Dès 1994, les premiers efforts de restauration ont été initiés par la Banque Africaine de Développement, l’Union européenne et l’Union internationale pour la conservation de la nature. Toutefois, ce n’est qu’en 2004, avec le partenariat entre le gouvernement du Mozambique et la Carr Foundation, qu’un véritable programme de restauration a débuté. Ce projet ambitieux avait pour objectif de reconstruire l’infrastructure du parc, de restaurer ses populations de faune sauvage et de développer l’écotourisme pour en faire bénéficier les communautés locales.

Le renouveau de la faune sauvage

Depuis le début du projet de restauration, des enquêtes aériennes ont montré des augmentations significatives des populations de grands mammifères. En 2019, après le cyclone Idai, les rangers du parc ont mené des missions de sauvetage, prouvant leur engagement pour la protection de cet écosystème vital. En 2020, des léopards, des chiens sauvages africains et des hyènes ont été réintroduits, marquant un moment historique pour la diversité animale du parc. Des packs de chiens sauvages en provenance d’Afrique du Sud ont également été réintroduits en 2018.

Écologie et biodiversité

Géologie et hydrologie

Le parc protège un vaste écosystème façonné par les rivières qui se jettent dans le lac Urema. Des rivières comme le Nhandungue et le Vunduzi traversent le plateau de Barue et proviennent du mont Gorongosa, contribuant à la dynamique hydrologique complexe de la région. Pendant la saison des pluies, le lac Urema s’étend considérablement, créant des plaines inondables.

Végétation

La savane, les forêts de miombo et les prairies constituent les trois principaux types de végétation du parc, chacun soutenant une riche biodiversité. Sur le mont Gorongosa, la présence de forêts tropicales, de prairies montagnardes, et de forêts riveraines ajoute encore à la diversité écologique. Les termites mounds sont également des éléments clés de l’écosystème, fournissant de l’ombre et de la protection à plusieurs espèces animales.

Faune et flore

Gorongosa est un paradis du safari au Mozambique pour sa biodiversité, abritant des centaines d’espèces d’oiseaux, de reptiles et de grands herbivores tels que les éléphants, les buffles et les zèbres. Malgré les pertes subies pendant la guerre civile, la majorité des espèces indigènes ont survécu. Les efforts de restauration ont permis la réintroduction de plusieurs espèces de carnivores comme les léopards et les hyènes tachetées, enrichissant davantage l’écosystème du parc.

Développement humain et économique

Initiatives de développement communautaire

La vision de Greg Carr, soutenue par la Carr Foundation, va au-delà de la simple restauration de la faune sauvage. Elle inclut également le développement des communautés locales. Gorongosa emploie aujourd’hui 1 600 Mozambicains, contribue à l’éducation en soutenant les 89 écoles primaires autour du parc, et dirige des clubs après l’école pour les jeunes filles. En investissant dans l’éducation et en favorisant l’emploi, particulièrement pour les femmes, le projet contribue à améliorer la qualité de vie locale.

Objectifs futurs

L’objectif est de rendre le parc autosuffisant via l’écotourisme et la vente de crédits carbone. En reboisant le mont Gorongosa avec des arbres à café, le projet vise à compenser les émissions de carbone des entreprises, tout en redonnant à la communauté les profits générés. Cette initiative non seulement aide à mitiger les impacts du changement climatique, mais elle soutient également le développement économique de la région.

Le parc national de Gorongosa est un modèle inspirant de restauration écologique et de développement communautaire. Au fil des décennies, il a surmonté des périodes de conflit intense pour devenir un refuge florissant pour la faune et un moteur de développement économique pour les populations locales. L’engagement continu à la conservation, à l’éducation et au développement durable promet un avenir prometteur pour cette région unique du Mozambique. Avec une vision claire et un soutien efficace, Gorongosa récupère progressivement son statut de joyau de l’Afrique.